Histoire
Gichin Funakoshi, fondateur du karaté moderne
Le karaté-do est un art de combat à mains nues. Il consiste en des techniques offensives et défensives utilisant toutes les parties du corps. Le Do, voie de la connaissance nous enseigne le comportement juste envers son partenaire d’entraînement, mais aussi envers soi-même.
Issu de pratiques utilisées en Extrême-Orient notamment dans le bouddhisme zen. De nombreuses écoles avec leurs spécificités sont aujourd’hui représentées sur les cinq continents et pratiquées par des millions de personnes dans le monde. Sur le territoire français, elles sont réunies au sein de la F.F.Karaté.
Souvent pratiqué comme une technique guerrière, la pratique des arts martiaux était à son origine tenue secrète. Comme beaucoup de disciplines, l’enseignement du karaté en tant que Budo (voie de la protection) se concrétisa par l’adjonction du suffixe “Do” qui exprimait ainsi qu’il n’était pas qu’une technique guerrière, mais aussi une voie d’épanouissement physique et spirituelle. Dans les disciplines que vous pratiquerez au sein de la F.F.Karaté, c’est vers cette harmonie propre aux arts martiaux que vous irez. Outre les bienfaits physiques que vous apportera la pratique du karaté, vous irez aussi vers un épanouissement philosophique. La spécificité des arts martiaux est de vous permettre, si vous le souhaitez, d’aller au-delà de la simple activité sportive.
La recherche d’intégration et d’adaptation sociale s’exprime au travers de son code moral qui prône le sens de l’honneur, la fidélité, la sincérité, le courage, la bonté, la bienveillance, la droiture, le respect, la modestie, le contrôle de soi…
(Texte emprunté à F.F.Karaté)
Les Origines
Okinawa-té
Le karaté d’aujourd’hui est fortement lié à l’enseignement d’un maître de karaté, Sakugawa Sensei. Né à Shuri, dans Okinawa le 15 mars 1733 et est mort là-bas le 17 août 1815. Les écrits historiques mentionnent qu’il a débuté ses études des arts martial sous Takahara Peichin, un monk bouddhiste résidant dans le village d’Akata, à l’âge de dix-sept. Six ans après, à vingt-trois ans, Sakugawa a voyagé en Chine pour poursuivre son apprentissage des arts martiaux avec le maître chinois célèbre de Tode, (Shang) Kusanku. Après cinq ans, quand il avait vingt-huit ans, Sakugawa est revenu à Shuri pour enseigner le karaté, comme il l’avait appris. Les personnes viennent pour connaître Sakugawa Sensei, et il a donc enseigné trois étudiants distingués qui sont restés inséparables pendant leurs années de la formation de karaté: elles étaient Makabe (homme d’oiseau), Okuda (homme de fer), et Sokon Matsumura (Bushi). Des trois étudiants, Sokon Matsumura est devenu un des plus grands professeurs de karaté d’Okinawa et c’est lui qui a été le fondateur du modèle de Shuri-te.
Nous ne trouvons pas de trace d’une Matsumura au début XIXème siècle (1806-1894). Sokon Matsumura a appris le karaté à un très jeune âge par Maître Sakugawa. Le maître de 78 ans fut impressionner par le talent de Matsumura talent et décida de lui enseigner le karaté. Il apprit également l’art du sabre japonais de l’école Jigen-ryû et l’art du combat chinois, le modèle de Shaolin de Kempo chinois (méthode de poing) et d’armements (lors de son séjour de quinze mois à Pékin, approximativement 1830 sous la direction du maître Wèi Bô de l’école du nord). On sait également qu’il a voyagé à Foochow dans la province de Fukien, en Chine à de nombreuses occasions en tant qu’envoyé du roi d’Okinawa. Après son retour de Chine, il a organisé et a raffiné le système de Shuri-Te du karaté Sokon Matrurnura d’Okinawa. Le roi Sho Tai, d’Okinawa, lui confère le titre » Bushi », similaire au samurai au Japon.. Précédemment, dans l’histoire d’Okinawa, aucun pratiquant des arts martiaux n’avait été attribué un titre et un honneur si élevés par un roi.
Sokon Matsumura était l’ancêtre de Shorin Ryu. Matsumura est crédité de la création des katas ; Naifanchi I et Naifanchi II, Bassai Dai, Seisan, Chinto, Goju shiho (cinquante-quatre mouvements du tigre noir), Kusanku (l’incorporation de l’enseignement de Kusanku comme passée en fonction vers Tode Sakugawa) et Hakutsuru (grue blanche). Le kata de Hakutsuru contient les éléments du système de la grue blanche, enseigné dans le système de Shaolin de Kenpo chinois. On dit que Matsumura Sensei conçu lui-même un autre ensemble de katas, connu sous le nom de Chanan, les ancêtres de Pinan Shodan et Nidan. En fait, Matsumura a combattu beaucoup de fois mais n’a été jamais défait. Ses efforts pour la propagande des arts martiaux a été l’ancêtre pour beaucoup de modèles contemporains de karaté, Shorin Ryu, Shotokan Ryu, et Shito Ryu, par exemple. Finalement tous les modèles modernes du karaté qui ont évolué de la lignée de Shuri-Te doivent leurs karaté aux enseignements de Bushi Matsumura Sensei. Ceci inclut Taekwon (karaté coréen). Bushi Matsumura Sensei a formé plusieurs karatékas exceptionnels : parmi eux, Kyan Chotoku et (sergent) Jabu Kantsu, qui a aidé Yasutne (Ankô) Itosu pour incorporer le karaté au programme d’études des écoles dans l’état d’Okinawa. Il a réussit à incorporer dans les écoles l’art féodal qu’est le karaté comme une activité sportive à Okinawa.
Tomomofo Motobu est né le 5 mai 1870 (troisième année de l’ère Meiji, deux années de moins que Gichin Funakoshi) dernier d’une famille de trois garçons. Famille noble (Daimyo) du roi de Ryû-Kyû. II commence le Karaté comme tous les nobles d’Okinawa à l’âge de trois ans en frappant sur un makiwara. C’est le professeur d’un de ses frères qui deviendra son maître officiel, ce qui ne l’empêchera pas d’étudier auprès d’autres. Ce maître se nomme Itosu. Parmi les autres personnes auprès desquelles il prendra des cours, on peut citer Matsumura Sensei ainsi que le Sakuma Sensei. En fait son but lorsqu’il était adolescent était de vaincre son frère aîné en combat, et ce que lui enseignait Matsumura Sensei ne lui paraissant pas suffisant pour y arriver; il prit d’autres leçons. Lorsqu’il partit pour le Japon la 10ème année de l’ère de Taisho il ne connaissait que le seul kata Naifanchi, actuellement connu comme Tekki Shodan, Tekki Nidan et Tekki Sandan. En revanche, il possédait un Karaté bagarreur très efficace mais très critiqué par les karatekas techniciens pour qui Motobu n’était qu’une brute. C’est à Osaka qu’il choisit d’abord d’aller, pour être gardien d’une usine de tissage. Quand il a un jour de congé, il en profite pour visiter la région avec son chef. C’est alors que, tenté par une affiche, ils vont voir une exhibition de combats libres ouverts à Kyoto. C’est un grand russe qui gagne contre tous et comme l’animateur demande si une personne dans le public veut s’y essayer, Motobu se propose. Le combat fut très court puisque le boxeur russe tomba au premier ippon ken. Tomomoto fit la une des journaux et, alors qu’il n’avait aucun dôjô, des élèves vinrent d’un peu partout dans la région. II décide donc, âgé de 52 ans, d’ouvrir sa première salle d’entraînement à Osaka. Peu de temps après, il crée sa première association : (selon l’ ancienne transcription « mains chinoises ») la KARATE JUTSU FUKYU KAI, c’est à dire « Association pour le Développement de l’Art des Mains Chinoises ». La 12ème année de l’ère de Taisho, il fait des démonstrations à l’école normale de Mikage ainsi qu’à l’école de police de Kobe près d’Osaka. On lui demande alors d’y rester comme professeur. Trois ans plus tard, il fait sa première publication : Karaté Jutsu Chapitre Sur Le Kumite. Gichin Funakoshi s’était installé à Tokyo et déjà on les comparait en disant que celui d’Osaka pratiquait un Karaté réel de bagarre et que celui de Tokyo, un Karaté gymnastique. Pensant qu’ils n’ont donc pas le même esprit, Tomomoto Motobu décide lui aussi, la 2eme année de l’ère de Showa d’aller à Tokyo, laissant à Osaka sa femme et ses enfants tel que l’avait fait auparavant Funakoshi. II ouvre donc un dôjô, nommé le Dai Do Kan (la « salle de la grande voie ») dans la capitale et on appelle alors son style le Motobu Ryu Karaté. Petit à petit ses problèmes s’agrandissent et on lui reproche de plus en plus les deux choses qui le différencient avec Funakoshi Sensei : sa brutalité (un Karaté bagarreur ou le kata est presque inexistant) et ses problèmes de communication (difficultés à utiliser et à comprendre la langue commune japonaise éloignée de celle d’Okinawa). Funakoshi qui est en effet instituteur a une approche du Karaté beaucoup plus intellectuelle puisqu’il a toujours refusé le combat et n’a aucun problème langagier. Le Ministère des Transports pour qui il travaille ne le garde pas en fonction et l’Asia University ne tarde pas à faire la même chose. II n’a plus qu’une solution qui est de rentrer à Okinawa avec sa famille.
Pourtant, beaucoup d’élèves des Universités d’Asia et de Waseda le regretteront et insisteront pour être Deshi (élèves proches) du Sensei. Parmi les élèves de Funakoshi Sensei certains ont une grande admiration pour lui. Les maîtres Otsuka et Hironishi sont ses amis et ne peuvent pas oublier celui qui émerveilla tout le Japon par le combat qu’il fit à Tokyo contre le champion d’Asie de boxe de l’époque, le très célèbre Piston Horiguchi. Ce dernier n’arriva pas une seule fois à toucher Tomomoto qui n’eut pas beaucoup de mal à gagner. II revient donc au Japon après une courte absence pendant laquelle il a, avec d’autres experts de l’époque, modernisé le Karaté. Pendant la 14ème année de l’ère de Showa, il se voit obligé de rentrer définitivement pour Shuri. Même après sa mort à l’âge de 74 ans, le 12 avril 1944, on continua longtemps à parler de lui comme quelqu’un qui, malgré un Karaté bagarreur, était très poli, insistait sur la conduite morale et semblait désintéressé par l’argent, ce qui est la conduite bouddhiste exemplaire. II a laissé la NIPPON KARATE DO MOTOBU KAI ainsi qu’un dernier livre intitulé Watashi No Karaté Jutsu, publié la première année de l’ère de Showa et détruit pendant la seconde guerre mondiale. Ce livre représente une pièce précieuse d’une grande valeur pour ceux qui le possèdent et tout spécialement pour les chercheurs en Karaté.
————————————-
Les Sensei
Higaonna sensei
Kanryo Higaonna est né à Naha, capitale d’Okinawa, en 1853. Il commence par l’étude du « Te », puis, à vingt ans, il est présenté à maître Sesho Arakaki qui le forme au Naha-te. Quatre années plus tard, il quitte Okinawa pour se rendre en Chine, dans la province de Fukien. Il deviendra l’élève de maître Ryu Ryuko qui enseigne une forme de boxe chinoise appelée le style de la « Grue Blanche ». Son séjour, qu’il prolonge à la demande de son maître, dure quinze ans. Il rentre à Okinawa à l’âge de quarante ans, s’installe à Naha et fonde son école. Son style, que l’on nomme « Naha-te », s’inspire du « Te » pratiqué à Naha et des styles chinois appris lors de son séjour sue le continent. Maître Higaonna meurt en 1915, la même année que maître Itosu, et laisse un nombre assez réduit de disciples (Miyagi, Higa, Kyoda, Gusukuma, Shiroma). Chojun Miyagi, qui fondera plus tard le Goju-ryu, lui succède à la tête de l’école. L’influence de Kanryo Higaonna se retrouve également dans le Shito-ryu de Kenwa Mabuni dont fût, avec Anko Itosu, l’un des deux maîtres
Itosu sensei
Yasutne (Ankô) Itosu voit le jour en 1830 dans une famille de fonctionnaires. II reçoit, en Karaté, une première formation qui reste mal connue, mais c’est vers l’âge de 30 ans qu’il devient élève de Sôkon Matsumura. Ankô Itosu mesure à peine 1,55 m, mais sa musculature témoigne de l’intensité de son entraînement. D’après les témoignages de l’époque, son thorax, large et épais, ressemble à un tonneau renforcé. II remplace souvent son makiwara par un mur de pierre… Jusqu’en 1885, c’est à dire jusqu’à ses 55 ans, Ankô Itosu travaille comme secrétaire dans un bureau attaché à la préfecture. Ce n’est qu’en retraite qu’il commence à enseigner le Karaté dans le jardin attenant à sa maison. Ankô Itosu est à l’origine du développement du Karaté comme éducation physique dans le milieu scolaire. C’est lui qui élabore les 5 katas Pinan. En 1908, il écrit un texte où sont exposées des instructions aux enseignants et aux adeptes de Karaté. Ankô Itosu est l’un des principaux pères du karaté moderne. II est, on l’a vu, à l’origine de plusieurs réformes dans la pratique du karaté. D’autre part, sa qualité de professeur de Gichin Funakoshi (fondateur du style Shotokan) et de Kenwa Mabuni (fondateur du style Shito-Ryu) lui confère une place au sommet dans l’histoire du karaté.
Tani sensei
Tani Chojiro est né à Kobe en 1921. C’est à l’âge de 19 ans qu’il débute le Karaté à l’université Doshisha de Kyoto sous la direction de Miyagi Chojun, le fondateur du Goju ryu. Deux ans plus tard ce dernier retourne dans son île natale d’Okinawa et le présente à un de ses condisciples, Mabuni Kenwa, fondateur du Shito ryu auprès duquel il s’entraîne avec passion. Malheureusement la guerre rattrape Tani senseï qui doit partir combattre.
Au retour de la seconde guerre mondiale maître Tani commence à enseigner sur un parking en plein air. Il nomme son groupe Shukokaï et commence les entrainements avec 5 élèves. Très rapidement il se retrouve avec plus d’une centaine d’élèves et construit un bâtiment contigu à sa maison qui abritera son dojo.
En 1948 Tani senseï reçoit le 6ème dan et un rouleau de transmission de Mabuni senseï l’autorisant ainsi à développer son propre style, le Tani-ha Shito ryu.
Maître Tani meurt le 11 janvier 1998 après avoir créé l’une des écoles majeures du Karaté japonais.
Le Shukokaï en France
C’est Nanbu Yoshinao qui, le premier, introduira le Shukokaï en France en 1964. La fluidité du style et l’efficacité de son représentant amènent le succès et très rapidement Tani senseï envoie d’autres élèves pour soutenir Nanbu senseï dans le développement de l’école.
A la fin des années soixante maître Nanbu quitte le Shukokaï pour développer sa propre école, le Sankukaï, mais le style continue à se développer. Aujourd’hui le Shukokaï est représenté par plusieurs groupes en France sous la direction des maîtres Omi Naoki, Kawanishi Eïji, Kamohara Tsutomu et Okubo Hiroshi